Né à Nishimura dans le quartier de Naha, Kannryo Higaonna est appelé aussi Higashionna, ou Hijaona.
Il est le 4ème fils d’une famille descendant de la famille noble « Sho » depuis 10 générations.
Il commenca l’étude du To-de à 10 ans avec un certain vieux maître appelé Dôru
Malgré l’origine noble de la famille, son père Kanyo vendait de l’eau et du bois. Il possédait trois petits bateaux, dont il se servait pour commercer avec la Chine, et les nombreuses îles de l’archipel. Il était un de ces nombreux samouraïs qui ne pouvaient pas servir le gouvernement par manque de ressources économiques de ce dernier.
Ce dernier avait l’habitude de relater les récits de ces voyages, vantant les merveilles de la Chine, et ses mythiques histoires martiales. Il fut malheureusement tué en 1867 au cours d’une rixe.
Fasciné par ces récits, et peut-être emprunt de désir de vengeance, le jeune Higaonna se mit au service d’un marchand de Thé chinois, et fut employé comme marin à 14 ans à bord de la jonque « Shinko-sen ».
Higaonna fit de nombreux aller et retours entre la province chinoise de Fukien et Okinawa.
Vers 17 ans il est présenté au maître Sesho Aragaki (1840- 1920, un chinois de Kume, commerçant en bois et eau, client de son père au demeurant, avec lequel il continue sa formation martiale. Il continue avec Kojo (Kogusoku) Taite, un ami de Aragaki, ainsi qu’avec Chomei Udun Yoshimura, ami de la famille.
Le bateau sur lequel il travaillait fut un jour attaqué par des pirates. Il décida de se mettre à l’étude du Kempo chinois.
Sous l’aile de la famille de Kojo, il s’établit dans la ville de Fuzhou dans la province de Fukien, et étudie dans leur école.
Il étudie également sous la direction d’un certain Waishinzan expert de Chuan Fa.
Grâce à son fervent désire d’apprendre, sa bonne conduite, et sa capacité d’intégration, il devient disciple d’un cordonnier nommé Xie Tzu Xiang (Ryu Ryu Ko en japonais) maître du style de la « Grue blanche ».
Il devient son disciple avec Nakaima Norisato, un remarquable étudiant d’Okinawa qui fondera plus tard le style Ryuei ryu c]]. Ce dernier obtiendra un certificat d’instructeur que Higaonna n’aura pas étant donné ses connaissances limitées de la langue chinoise.
Higaonna parcourut la Chine et découvrit nombre d’écoles de boxe chinoise, dont l’école Shaolin Quan du sud (Lu Qia Quan).
Il acquiert également des connaissances en médecine chinoise traditionnelle, puis devint tout de même le 1er assistant du maître sous le nom de « Tohnas des Ryukyus ».
Ayant acquis suffisamment de maturité pour interpréter de manière personnelle l’enseignement qu’il reçut, ce dernier revint à Okinawa qu’à l’âge de 35 ans, ou 40 ans selon les sources.
Sa renommée vint aux oreilles des émissaires du Roi Sho Thai, pour lequel il fit une démonstration et devint plus tard nommé comme l’un des instructeurs de sa garde personnelle.
Travaillant le jour, il se met d’abord à enseigner bénévolement la nuit dans la cour de sa maison.
La dureté de ses cours fait abandonner de nombreux pratiquants.
On pense qu’à la suite de la perte de deux de ses bateaux dans un typhon, il se résolut à enseigner son art de manière plus officielle.
Ainsi, il ouvrit son 1er dojo à Naha en y dispensant d’une synthèse de techniques chinoises « souples », avec le To-de local.
Son école fut appelé Naha-te, et différait fortement du Shuri-te existant, implanté par Sakugawa et Matsumura.
Le Naha-te donnera plus tard le style Shorei-ryu, que nous connaissons actuellement.
Kanryo Higaonna était réputé pour sa force statique, dont personne ne pouvait le déraciner.
Il possédait un coup de pied de face (mae-geri) phénoménal. Appelé par la police il arrêta de nombreux criminels grâce à cette technique favorite, d’où son surnom d’ « Higaonna les jambes ».
Il introduisit la pratique du kata «old .c. Sanchin » avec les poings fermés, dont la pratique avec les mains ouvertes a été conservée dans le style Uechi-ryu. Attaché à l’importance pédagogique du karaté comme son ami Anko Itosu, il enseigna sa discipline de
manière collective à l’école supérieure de commerce de Naha, et à la police, en sortant l’enseignement de la discrétion habituelle des dojos d’Okinawa.
Il s’installe chez Chojun Myagi à la fin de sa vie, et meure en 1915 selon les sources, la même année que son ami Itosu, en laissant quelques disciples tels Chojun Miyagi,
Koki Gusukuma, Kiyoda Juhatsu, Higa Seko, Mabuni Kenwa, Toyama Kanken, Shimabukuro Tatsuo, Tabara Taizo, Shiroma Tsunetaka, Nakamoto Seibun, Jichiyaku Tomonori, Ura Soki, Ikemiyagi Yoshiteru, Miyazato Eiko (père de Miyazato Ei’ichi) et Yoshimura Chogi . Chojun Miyagi reprendra les rênes de son école et fondera plus tard le style Goju-ryu.
Édité le 03.04.2013