Il naquit le 14 novembre 1889 à Shuri. Il fut le 17e descendant de Oshiro Onigusuki, un samouraï célèbre.
Issu d’une vieille famille d’officiers au service du roi des Ryukyus, son père devint pâtissier à l’avènement de l’ère Meiji, à la suite de l’annexion totale d’Okinawa par le Japon en 1871. Le roi des Ryukyus fut ainsi exilé au Japon, où on lui confia un haut poste de fonctionnaire, ainsi qu’une confortable pension.
De constitution physique fragile, il chercha à devenir plus fort. Un domestique de la maison appelé Matayoshi l’initia à l’art du combat vers l’âge de 10 ans. Ce dernier lui apprit le kata Naihanchi, avant qu’il ne fût divisé en trois katas distincts par Anko Itosu. Ce dernier habitant aussi Shuri, Kenwa Mabuni parvint à se faire introduire auprès de lui par l’un de des amis. Il fut son disciple dès l’âge de treize ans, sans jamais manquer un seul jour, « pas même un jour de typhon », selon l’expression consacrée de son fils Keneï.
Il rentra au lycée départemental d’Okinawa en 1902. Il fut contraint à quitter cet établissement en 1905 à cause de son implication dans l’organisation d’un mouvement de grève. Il rentra à l’école maritime et termina ses études 3 ans plus tard.
Il rencontra Chojun Miyagi en 1905, et fut présenté par ce dernier à Kanryo Higaonna, avec lequel il étudia le Naha-te.
Itosu enseignait des techniques directes et puissantes telles celles visibles dans les katas naifanchi et bassaï.
Higaonna était plus focalisé sur les déplacements circulaires, et les distances courtes telles celles que l’on peut voir dans les katas seipai et kururunfa. Le Shito ryu (style définitif de Maître Mabuni) actuel est caractérisé par l’emploi de techniques souples et dures.
Kenwa Mabuni partit ensuite au service militaire. Lors de son retour en 1912, il rejoignit l’école de Police d’Okinawa sur les conseils de Miyagi. Il devient inspecteur de police à 25 ans, métier qu’il pu exercer une dizaine d’années. Il enseigna également ses techniques aux autorités locales.
Cette fonction lui permit de se déplacer fréquemment dans l’île, et ainsi de rencontrer de nombreux Maîtres.
Outre l’étude du Judô, il apprit l’art du bâton (Bô Jutsu) avec Maître Seisho Aragaki et Sueyoshi Jino, l’art du Saï avec Maître Tawada Shimboku, ainsi qu’avec le chinois Wu Xianhui (ou Woo Yin-gue) , connu à Okinawa sous le nom de Go Kenki.
Mabuni entreprit un voyage en 1915 Chine avec Miyagi et Go Kenki qui leur servit d’interprète.
Kenwa Mabuni fut réputé pour ses connaissances approfondies des katas d’Okinawa et de leurs applications (Bunkaï).
Lorsque Anko Itosu mourut en 1915 et Kanryo Higaonna en 1917, Kenwa Mabuni n’était âgé que de 26 ans.
Il s’associa avec Chojun Miyagi d’un an son aîné, pour former un groupe de pratiquants. En 1918 ce groupe compta tous les plus grands visages du karaté contemporain, soit : Anbun Tokuda, Chômo Hanashiro, Chôshin Chibana, Chôsho Oshiro, Gichin Funakoshi, Hoko Ishikawa, Kentsû Yabu, Seito Tokumura, Shinban Gusukuma. Ils appelèrent leur groupe le « Ryukyu Tode Kenkyu-Kai ».
Il parvint à construire un dôjô dans son jardin en 1924, équipé de divers instruments destinées à endurcir le corps, et les cours donnés sous la direction des Maîtres Motobu, Hanashiro, Oshiro, Chibana et Go Kenki.
Mabuni y appris des techniques issues du Kung-fu de la grue blanche du Fujian, avec le légendaire Go Kenki, un marchand de thé chinois établi à Naha.
Kenei, le fils de Kenwa Mabuni se souvient de l’époque avant la construction de ce dôjô. Les entraînements se déroulaient dans le jardin, dans la semi-obscurité, éclairés par une seule ampoule électrique. La plupart des élèves pratiquaient torse nu, et ne portaient que rarement des habits de Judô, ou de Kendô. Kenei raconte que les visiteurs lui donnaient des gâteaux lorsqu’il leur montrait des katas qu’il avait appris.
En 1926, Jigorô Kano fondateur du Judô, visita Okinawa et demanda au préfet à ce que lui soit présenté le Karaté.
Kenwa Mabuni lui montra le Shuri-te, et Chojun Miyagi le Naha te.
Suite à cette démonstration, Jigorô Kano manifesta son désir à Mabuni et Miyagi d’aider à diffuser Karaté sur l’île principale de Honshu, puis de le faire reconnaître par le Butokukaï, instance régissant l’officialisation de la reconnaissance des arts martiaux japonais. En effet, le karaté avait déjà été refusé en 1917 et 1922 par cette organisation qui fut dissolue en 1945 par le Général Mc Arthur après la capitulation du Japon.
En 1928, Kenwa Mabuni parti seul pour Tokyo, puis rendit visite à Jigorô Kano, et à Gichin Funakoshi déjà installé.
La même année, Jigorô Kano partit assister aux Jeux Olympiques d’Amsterdam, en qualité de membre d’une commission du Comité International Olympique.
Kenwa Mabuni décida de s’installer à Osaka avec sa famille en 1929. Il avait quarante ans, et ouvrit le dojô Yoshukan.
Il appella son école le Mabuni-ryu, puis Hanko-ryu (école mi-dûre). Chojun Miyagi fonda le Goju ryu en 1935. Mabuni se joignit à cette appellation doit la signification est identique (école dûre et souple) bien que son enseignement fût différent. A l’issue de son premier livre en 1934, intitulé « Goshin Jtsu Karate Kempo » Mabuni décida d’appeler son école « Shito ryu », en hommage à ses deux principaux Maîtres, soit l’idéogramme « Ito » qui peut se prononcer « Shi », et l’idéogramme « Higa » qui peut se prononcer « To ».
Kenwa Mabuni inscrit l’école Shitô ryu au Butokukaï en 1939. G. Funakoshi et Kenwa Mabuni obtinrent le titre de Renshi en 1939 de cette même organisation.
Kenwa Mabuni laissa 49 katas dans l’école Shito-ryu, dont quatre créations personnelles.
C’est une des écoles qui comporte le plus grand nombre de katas. Certains Maîtres en dénombrent plus de 60, suite aux introductions d’autres katas faits après la mort de Kenwa Mabuni.
Cette école est particulièrement développée avec le Goju ryu dans le sud-ouest du Japon dans la région du Kansaï.
Il découla du style Shito ryu, la création du style Shukokaï de Chojiro Tani dans les années 60, orienté vers la compétition. Ce dernier est connu pour exécuter des katas avec des masques de théâtre Nô, confectionnées par lui-même.
Kenwa Mabuni mourut le 23 mai 1952 à l’âge de 63 ans. Il transmis la tâche de perpétuer son style à ses deux fils, Kenei et Kenzo qui mourut le 26 juin 2005. Ce style fut également perpétué avec importance par Ryusho Sakagami, et son fils Sadaaki issus d’une riche famille producteurs de saké. Ryusho Sakagami aida Kenwa Mabuni à ouvrir nombre de dojôs dans la région d’Osaka, où ce style est très répandu.
Édité le 03.04.2013